Attention à ceux qui n'ont pas vu le film... Ce petit texte contient des spoilers.
L’histoire de Gattaca se résume au travers de deux symboles : Le titre d’abord… Le terme GATTACA est basé sur des éléments chimiques caché dans l’ADN: G pour Guanine, A pour Adénine, T pour Thymine et C pour Cytosine…
Le second symbole, est un élément du décor, élément très présent dans le film : l’escalier en colimaçon de l'appartement de Jerome Morrow (Jude Law). Un escalier qui a la forme l'hélice de l'ADN…
L’ADN, la manipulation génétique… Tel est le thème du film. Mais comme le suggèrent ces deux symboles cachés, l’œuvre est à lire sur plusieurs niveaux.
A Gattaca, centre de recherche et d’exploitation génétique, dans un futur proche, sont « utilisé » les deux extrémité des classes sociales: la basse, qui fait le nettoyage, les basses besognes… composé de personnes nés naturellement, sans interventions génétiques ; et la haute, composé de l’élite génétique et destinée à accomplir de grandes œuvres pour l’humanité…
Le film nous montre un monde où l’humanité maîtrise sa destiné en éliminant de ses gènes, ses défauts… Mais voilà, l’action s’axe autour de quatre personnages au travers duquel le réalisateur s’acharne à nous démontrer que l’avenir de l’homme n’est peut-être pas en lui même.
Vincent Freeman (Ethan Hawke) un enfant né « naturellement », et de fait pour cette société, un « dégénéré » (dans dégénéré il y a "gène"). Un être « inférieur » destiné à ne pas vivre au-delà de 30 ans selon les ordinateurs qui ont étudiés ses gènes à sa naissance.
Jerome Morrow (Jude Law), un membre de l’élite mais qui, suite à un accident, est devenu paralysé, alcoolique…
Irene Cassini (Uma Thurman), autre membre de l’élite mais chez laquelle une petit défaut doit limiter l’évolution…
Anton Freeman (Loren Dean) frère de Vincent, mais membre de l’élite puisque né de manipulation génétique.
Les liens entre ces divers personnages, et d’autres (le directeur du centre, dont les dossier affirment qu’il n’a pas le gène de la violence; le chef des « hommes de ménage » (Ernest Borgnine), résigné… ) tissent une histoire d’usurpation d’identité et d’enquête policière saupoudré de romance, qui à priori n’a rien de nouveau. Si ce n’est le traitement de l’ensemble. Le réa filme des décors épurés pour nous présenter ce monde de « pureté » génétique… On pense à THX 1138 de George Lucas… Mais des décors épurés dans lesquels évoluent une population qui marche au pas, s’habille de la même façon, obéissent au même règles jusque dans les mouvement de foule… On pense alors à « Métropolis » de Lang… ou à 1984 !
L'élite de demain... Un monde uniformisé.
Au sein même des images, l’imperfection s’immerge dans une pureté, une simplicité visuelle. A l’instar des personnages de l’élite : Irene est attiré par un être qui sort de l’ordinaire ; Jérome est handicapé et alcoolique et donne son identité à un « dégénéré »… Vincent endosse sans complexe l’identité de Jérome, reniant ainsi celui qu’il est vraiment ; et Anton ne cesse de connaître des échecs…
Bref, pour le réalisateur non seulement l’apparence est trompeuse, mais surtout il tente de répondre à la phrase qu’il nous présente au début du film : : " Nous avons longtemps pensé que notre futur était dans les étoiles, maintenant nous savons qu'il se trouve dans nos gênes "… Phrase du prix Nobel 1962 de médecine : James Watson. La réponse il l’explique tout au long du film en nous montrant les limites de la manipulation génétique : exploitation sociale ; injustice ; perte d’humanité… Il n’emploi ni le mot ni les symboles, mais il n’est pas loin de qualifier le monde de Gattaca de dictature, sinon de monde Nazi. La mort de Jérome dans une sorte de four crématoire destiné à éliminer « les déchets » n’est peut-être pas un hasard…
L'avenir d'un monde génétiquement contrôlé... Oppression et dictature.
Nicols tire ici une sirène d’alarme. Il nous dit de ne pas laisser une certaine science prendre la place de la nature, de Dieu, du hasard. Parce que c’est la porte ouverte aux injustice, aux dictatures… Et c’est d’autant plus dangereux que, et c’est le vrai message du film, si la force de l’homme est en lui ce n’est pas dans ses gènes mais dans sa volonté à surmonter les obstacles. C’est Vincent qui le dit lorsqu’il bat une fois de plus son frère Anton lors d’une course à la nage. Il gagne, lui le dégénéré, parce qu’il ne c’est « jamais posé le problème du chemin de retour ». Autrement dit, il avance toujours, encore et encore, quelques soient les obstacles. Contrairement à son frère « élite », trop parfait et qui, de fait, ne peut que calculer et penser au retour… Une mentalité qui pousse ces « gène-hommes » parfaits à refuser l’échec. Ce qui pousse donc Jérome, finalement, vers la « dé-gène-érescence ».
Et pourtant le film laisse la porte ouverte à l’espoir ; puisque l’élite accepte d’elle même de redevenir humaine. Irene refuse finalement de contrôler les gènes de Vincent, simplement parce qu’elle l’aime. Comme un humain d’autrefois… Et Jérome en sombrant, et en acceptant de se battre pour son double (« Vincent ») retrouve une part de son humanité (la scène où il gravit l’escalier en forme d’ADN pour sauver Vincent est ainsi forte en symbole) ; et son suicide n’est finalement qu’une acceptation de la réussite de l’homme non génétiquement modifié.
L'humanité face à son évolution génétique...
Nicols affirma pourtant que son film n’était pas une critique de la science. Pour lui la science a du bon, y compris la manipulation génétique. C’est aussi ce que dit la voix off à la fin… Une voix qui répond à la phrase du docteur Watson et qui dit, à travers la bouche de Vincent lorsqu’il s’envole pour un vol interplanétaire, qu’il a l’impression en s’envolant vers les étoile, de rentrer à la maison… L’avenir passe bien par la science, mais une science bien utilisée. Une science qui soigne les maladies et se fout de la couleur des yeux ou de la peau… Une science qui doit aider l’homme à accomplir ses rêves et non ses cauchemars…