Dans le Madrid des années 70, Ana, 8 ans, a été témoin de la mort de ses parents : son père mort dans les bras de sa maitresse et sa mère partie dans d'atroces souffrances, faute d'être aimée. Élevée par Paulina, sa tante maternelle, elle se réfugie alors dans ses rêves et souvenirs pour retrouver sa mère.
Cria Cuervos est un film réalisé en 1976 par Carlos Saura et présenté au festival de Cannes la même année. Il a d'ailleurs reçu le Grand Prix du jury.
Très difficile avec si peu de recul de parler d'une œuvre si forte. Le film aborde de nombreux thèmes comme l'enfance (mais sans idéalisme), le non-dit (qui même s'il est là pour protéger l'enfant le fait souffrir), le deuil. Ana porte un regard d'adulte (alors qu'elle est une enfant) sur les adultes. Ana a compris ce que les adultes ne comprennent pas ou ne veulent pas s'avouer.
Ce qui est déconcertant au premier abord et au final absolument génial, ce sont les passages du réel à l'imaginaire, du passé au présent (et futur?) en utilisant exactement les mêmes lieux (la grande maison familiale, la maison de campagne) ou les mêmes acteurs (Ana adulte est jouée par Geraldine Chaplin qui joue aussi la mère d'Ana quand elle est jeune).
Seulement 3 morceaux de musique composent la bande originale du film et correspondent chacun à 3 personnages : le titre-phare Porque te vas est celui d'Ana, l'air mélancolique au piano est pour la mère et la chansonnette pour la grand-mère.
Même si la mise en scène n'est pas du tout la même, l'histoire semble quelque peu plagiée mais de manière fantastique par Guillermo del Toro pour son Labyrinthe de Pan. Une petite fille qui se créé un univers à elle pour échapper au monde réel, celui de l'Espagne franquiste et sa mère est comme un fantôme. Il y a aussi L'esprit de la ruche de Victor Erice qui semble être dans le même genre et semble aussi avoir influencer le réalisateur mexicain mais je ne l'ai pas vu.