Réalisé par Gaspar Noé
Avec Nathaniel Brown, Paz de la Huerta, Cyril Roy
Durée : 2h30
Synopsis :
Oscar et sa sœur Linda habitent depuis peu à Tokyo. Oscar survit de petits deals de drogue alors que Linda est stripteaseuse dans une boite de nuit. Un soir, lors d'une descente de police, Oscar est touché par une balle. Tandis qu'il agonise, son esprit, fidèle à la promesse faite à sa sœur de ne jamais l'abandonner, refuse de quitter le monde des vivants. Son esprit erre alors dans la ville et ses visions deviennent de plus en plus chaotiques et cauchemardesques. Passé, présent et futur se mélangent dans un maelstrom hallucinatoire.Vu aujourd'hui.
Sur-boursoufflé.
Voilà. Je pourrais m'arrêter là, et me contenter du générique en boucle, d'ailleurs (enfin, presque).
Formellement, c'est très beau. Y a plus de mise en scène et d'idées de cinéma dans Enter The Void que dans 10 ans de cinoche. Et comme je ne connais pas Tokyo (et que franchement, c'est juste prétexte à foutre des néons multicolores partout), je n'ai eu que faire de cet exotisme cliché. En l'état, le film est une publicité reine pour BUF, clairement. Si les mecs n'ont pas tapis rouge après ça, je sais pas ce qu'il faut.
Après, le problème, c'est que c'est beau, mais c'est long. Mais c'est beau, hein.
Mais c'est long.
Ad lib pendant 2h35.
Quand on met 1h à en venir au point, parce qu'on se permet des trips hallucinogènes de 6 minutes et qu'on compose 95% de cette heure avec des plans de transitions interminables (et rapidement insupportables, mais ça, c'est pas que pour la 1ere heure malheureusement), faut penser à revoir son montage.
Et les flashbacks redondants, pareil, à force, c'est longuet.
A ce niveau-là, il fallait soit enlever 1h au film, soit le faire durer 3h de plus.
Mais le coeur du problème n'est même pas là.
Le problème, c'est qu'outre l'impression d'assister à la plus longue pub anti-drogue de l'histoire, j'ai surtout eu le sentiment profond de voir un gamin de 14 ans nous raconter sa découverte de la philosophie bouddhiste et de la réincarnation, en essayant de mettre des images sur les idées pour mieux qu'on comprenne.
C'est mignon, c'est naïf, mais c'est super con, et surtout, ce n'est pas grand chose de plus que des banalités affligeantes, venant régulièrement casser tout élan d'émotion par un ridicule abyssal.
Quand, après un flashback enfin bien utilisé qui amène un peu d'émotion, on se retrouve avec une scène où Paz de la Huerta complètement défoncée sort à son frangin "Eh, c'est qui ce mec qui me tripote ? Je crois qu'il veut me baiser !", c'est dramatique, mais pas dans le bon sens du terme.
Je passerai sur le final où Noé explique enfin ce qu'il a compris de la réincarnation. Pour lui, entrevoir ses vies futures, c'est mater des couples baiser dont la femme (ou le mec, accessoirement, lors d'une pipe gay parfaitement gratuite) a une lumière jaune évanescente entre les cuisses.
S'en suit un plan subjectif d'un phallus pénétrant un vagin, jusqu'à éjaculation sur l'écran.
J'ai ri aux larmes.
C'est dommage car j'ai trouvé les acteurs plutôt convaincants, et l'ensemble pas choquant pour un sou. Enfin, ça voudrait peut-être choquer, mais l'ensemble est de toute manière suffisamment jeté pour qu'au final, les petites choses gratuites (le reste du foetus post-avortement notamment) passent presque inaperçues.
Donc voilà.
C'est beau, mais 2h30 quand on n'a rien d'autre à raconter que des banalités, c'est très très très long.
Même conclusion qu'Avatar : c'est quand même ballot de faire un truc aussi beau pour un truc aussi con.
6/10, parce que la liberté de forme est tellement exceptionnelle à l'heure actuelle qu'elle en devient communicative, malgré l'inanité du propos. Et que contrairement à Avatar, m'étonnerais pas que je revienne sur mon avis prochainement.
Et le son n'était pas assez fort lors de ma séance.