1985. Dario Argento s'associe avec Lamberto Bava et offre une petite perle du cinéma bis. Sans beaucoup de moyens, mais avec une inventivité et une technique efficaces, les deux hommes livrent "Démons", qui va obtenir un grand succès, engageant immédiatement une suite.
Dans le métro de Berlin, la jeune et jolie Sharel reçoit d'un personnage étrange (Michele Soavi) un billet de cinéma pour le Métropole. Elle en obtient un autre et rejoint son amie.
La nuit tombe et les deux demoiselles se rendent à ce nouveau cinéma.
Elles y rencontrent les dragueurs sympathiques George et Ken, qui ne vont plus les lâcher du film, au début pour essayer de leur faire des bisous, mais ensuite pour les protéger de ce qui va arriver.
Un masque de Diable en fer exposé sur une bécane dans le hall d'entrée va déclencher l'horreur. Une jeune femme noire le met et se coupe. Peu après, dans la salle, un film d'horreur bien sanglant montre deux jeunes couples qui explorent une vieille crypte. Ils découvrent le tombeau de Nostradamus, un vieux livre en latin et ce même masque, que l'un d'eux met (toujours Michele Soavi !), puis se coupe.
Dans les toilettes du cinéma, la jeune femme soigne sa coupure, mais une boule gonfle et éclate.
Partie la chercher, sa copine la retrouve transformée en horrible démon baveux, aux ongles acérés et aux crocs répugnants.
Alors que le film enchaîne une série de meurtres à l'arme blanche, la contagion se répand dans le cinéma, chaque personne mordue ou blessée se transformant en créature infernale.
C'est la panique totale, d'autant plus que toutes les issues sont inexplicablement murées.
George, Ken, Sharel et sa copine Cathy parviennent avec quelques autres à faire une barricade dans la salle du cinéma, en démontant les sièges. Mais les démons arrivent, et l'issue semble plus qu'incertaine...
Sur un scénario s'inspirant du premier "Evil dead" (d'ailleurs, Dario Argento devait participer à "Evil Dead 2" mais s'est rabattu sur "Démons 2"), le film amène aussi à contribution le scénariste Dardano Sacchetti ("L'enfer des zombies" et les meilleurs films de Lucio Fulci).
Le résultat est plutôt réussi, tant au niveau des images très colorées, des ambiances, du rythme et des effets spéciaux spectaculaires.
Des rangées de dents tombent et laissent place à des crocs acérés, des griffes traversent les ongles d'origine, un démon vert surgit du dos d'une jeune femme...
Sergio Stivaletti, secondé aux maquillages par Rosario Prestopino, s'en donne à coeur joie et met en pratique de superbes story-boards (dont le fameux bouc démon, abandonné sur ce film, mais réutilisé sur "Sanctuaire" de Michele Soavi, à l'origine "Démons 3").
Niveau gore, c'est aussi la fiesta : égorgement, scalp, décapitation, empalement...
Très jeu vidéo, une scène montre le héros chevauchant une moto dans la salle de cinéma et éliminant au sabre les monstres qui le pourchassent.
Bref, "Démons" offre un spectacle comme les italiens savent le faire, additionnant leurs talents divers, avec un sens commercial certain, mais surtout une véritable passion du genre.
La bande originale apporte le plus indispensable à l'entreprise. Claudio Simonetti (Goblin) compose des morceaux électro de très bonne facture, auquels sont rajoutées des chansons diverses. Le pied total.
Si "Démons" est adoré par les uns, il est détesté par les autres, en général les détracteurs habituels de Lamberto Bava, trouvant décidément que le fiston ne vaut pas son illustre père Mario. C'est oublier son amour du genre, et son efficacité à mettre en images les fantasmes argentesques, les deux hommes se complétant décidément parfaitement bien.