Titre original Heaven's Gate
Réalisation Michael Cimino
Acteurs principaux Kris Kristofferson Christopher Walken Isabelle Huppert Jeff Bridges John Hurt Sam Waterston Brad Dourif Joseph Cotten Mickey Rourke
Sujet : De 1870 à 1903 : la vie, les amours et les échecs de James Averill. Témoin obscur et nostalgique des tumultes de la fin du XIXe siècle. De son départ d'Harvard en 1870 à sa participation à la guerre du comté de Johnson dans le Wyoming en 1890.
La Porte du paradis est un de mes films préférés. Un de ceux qui ne cessent de m’émouvoir à chaque vision de sa version longue qui, et elle seule, est un pur et grand chef d’œuvre.
Cimino signe une œuvre politique, techniquement sublime et artistiquement superbe. Un western qui n’en a que l’image superficielle mais qui en vérité est un vrai anti-western…
Ici il n’est pas question de glorifier les propriétaires (tel jadis John Wayne dans Chisum par exemple) : Cimino nous les montre riches, puissant, laches et crapuleux.
Ici il n’est pas question de glorifier les colons de la conquête de l’ouest : Cimino nous les montres, pauvres, illettrés, massacrés comme des bêtes et incapable de se défendre…
Ici pas question de glorifier le chérif, figure emblématique du western, pourfendeur de hors-la-loi… Cimino nous le montre hésitant, incapable d’empêcher quoique se soit, pas même capable de défendre les valeurs de l’Amérique.
Ici pas question de glorifier la sacro-sainte cavalerie US, Cimino nous la montre comme un repaire de bandit et de tueurs…
Bref, Cimino brise ici le rêve fondateur de l’Amérique. Les USA ne sont pas un Paradis où chacun a pu faire sa fortune et sa gloire. L’Amérique est né dans le sang, la haine, l’injustice, le racisme…
Dans la forme, le film est visuellement superbe. L’auteur alternant les scène chorégraphiées au centimètre, et des scènes plongées dans la plus grande anarchie, et le tout volontairement et de façon totalement réfléchie. C’est un monde en construction qu’il nous montre, un monde non fini, où la loi écrite côtoie la loi du plus fort…
Cimino use de tous les artifice cinématographiques pour faire passer son message : changement de chromatiques, mouvement de caméra… A ce titre la fabuleuse scène du bal en patin est inoubliable tant artistiquement que dans le message : le noir et blanc encre cette danse dans le passé, comme la musique traditionnelle jouée à ce moment. Les patins tournent les protagonistes vers l’avenir et les emportent à grande vitesse vers leur destin. Un destin effroyable que Cimino à voulu montrer dans sa noirceur crue, sans emphases pour ne pas la glorifier mais simplement montrer comment les Usa sont vraiment nés : dans le sang, les larmes et la douleur.
Seule moment volontairement épique : la mort de Christopher Walken, le tueur qui se cherche et qui fait le choix de son sacrifice… Un symbole d'où naitra la légende.
Contrairement à ce qui fut tant écrit ce n’est pas tant le dépassement de budget qui fit couler l’United Artist, mais plutôt la demande des hauts pontes d’Hollywood, et des sénateurs conservateurs, qui ne souhaitaient pas voir sur les écrans un film qui vomissait sur la légende dorée de l’Ouest. Même au nom de l’Histoire… Des ordres furent donnés pour que le film soit partout retiré de l’affiche après quelques jours d’exploitations. A partir de là, difficile d’entrer dans les fonds. Pas grave, c’est United Artist qui coulait… Une major qui avait été fondée pour que les artistes échappent aux contraintes de certains studios…
Il y a tant à dire sur ce monument…